Audit du cycle Trésorerie : méthodologie complète, risques et contrôles pas à pas

Tu vas souvent commencer par l’audit du cycle trésorerie. C’est normal : c’est un cycle structurant, accessible, et surtout… central. Tant que la trésorerie n’est pas claire, le reste peut être bancal. S’il manque des encaissements, c’est le cycle client à refaire, si c’est un décaissement, ca peut être les fournisseurs, mais aussi le cycle social, fiscal. Bref, la trésorerie, c’est le centre de tout et le nerf de la guerre de toute les entreprises.

Mais ne te laisse pas berner par sa réputation de cycle “facile” : c’est justement parce qu’il est simple qu’il est parfois utilisé pour faire passer des anomalies, des fraudes en toute discrétion.

🔍 Dans cet article, on passe en revue :

  • Les risques d’audit du cycle trésorerie
  • Les objectifs à valider
  • Une méthodologie pas à pas pour chaque sous-cycle
  • Des cas concrets rencontrés en mission
Audit de la trésorerie, parfait pour débuter, je t'explique tout

1. Les risques classiques

Quels risques doit-on avoir en tête lorsque l’on fait l’audit du cycle trésorerie ?

🔵 Disponibilités (comptes bancaires)

  • Existence fictive : un solde en banque est enregistré, mais il n’existe pas (compte clos ou solde erroné).
  • Solde incomplet : un compte bancaire oublié (volontairement ou non) n’est pas enregistré.
  • Non-enregistrement d’un découvert : un solde débiteur dissimulé ou mal présenté.
  • Absence de rapprochement bancaire fiable : erreurs ou anomalies non identifiées.
  • Flux suspects en fin d’exercice : virements croisés, allers-retours sans justification.

🪙 Caisse et espèces

  • Absence de contrôle physique : la caisse affichée en compta ne correspond pas à la réalité.
  • Utilisation non conforme : paiements en espèces supérieurs aux plafonds légaux (>1 000 €).
  • Détournement de fonds : retraits d’espèces sans justification (fraude interne possible).
  • Flux incohérents avec l’activité : trop de cash pour une activité en principe bancarisée.

📈 Placements de trésorerie

  • Non-existence des placements : valeurs mobilières fictives ou non détenues.
  • Valorisation incorrecte : erreurs dans la juste valeur, absence de dépréciation en cas de moins-value.
  • Classement erroné : un placement bloqué à long terme reste classé comme « trésorerie ».
  • Cut-off faux : enregistrement anticipé d’un placement (amélioration artificielle du bilan).

💰 Emprunts et dettes financières

  • Omission d’un emprunt : dette non enregistrée, souvent entre sociétés liées.
  • Erreur de ventilation : confusion entre court terme et long terme.
  • Mauvais calcul d’intérêts : annuités ou charges d’intérêts inexactes.
  • Non-respect de covenants : déclenchement potentiel d’un remboursement anticipé non signalé.
  • Engagements non mentionnés : garanties données non présentées dans l’annexe.

2. Les objectifs d’audit

Ta mission (si tu l’acceptes) est de t’assurer que :

🔵 Disponibilités (comptes bancaires)

  • Existence : les soldes enregistrés existent réellement au 31/12.
  • Exactitude / Évaluation : les montants sont correctement comptabilisés (bons soldes, bonne devise, pas d’erreur de conversion).
  • Exhaustivité : tous les comptes bancaires détenus par l’entreprise sont enregistrés.
  • Présentation : les soldes débiteurs sont présentés comme des dettes, pas noyés dans les actifs.

🪙 Caisse et espèces

  • Existence : la caisse est bien présente physiquement (comptage).
  • Exactitude : le montant en comptabilité correspond à la réalité.
  • Conformité : les paiements en espèces respectent les règles légales.
  • Régularité : les flux de caisse sont justifiés, cohérents avec l’activité.

📈 Placements de trésorerie

  • Existence : les placements sont réellement détenus par l’entreprise.
  • Évaluation : ils sont valorisés correctement selon les règles (juste valeur, dépréciation si nécessaire).
  • Classement : les placements liquides sont classés en trésorerie, les autres ailleurs.
  • Cut-off : aucun placement enregistré avant son acquisition réelle (pas d’anticipation).

💰 Emprunts bancaires

  • Exhaustivité : tous les emprunts en cours sont enregistrés.
  • Évaluation : les montants dus sont justes (principal + intérêts).
  • Ventilation : les échéances sont correctement ventilées entre court et long terme.
  • Présentation / Information : les garanties et covenants sont mentionnés dans l’annexe si nécessaires.

3. Méthodologie pratique

🔎 Audit des disponibilités – Méthodologie pas à pas

✅ Étape 1 – Recensement des comptes bancaires

But : être sûr de ne rien oublier.

  • Liste les comptes enregistrés en comptabilité (512, 514…).
  • Demande au client la liste complète des comptes ouverts, y compris :
    • Comptes dormants
    • Comptes à l’étranger
    • Comptes spécifiques (ex : comptes de dépôt à terme à vue)

📌 Astuce : pense à regarder la balance générale pour repérer un compte bancaire à solde nul mais actif.


✅ Étape 2 – Circularisation bancaire

But : obtenir une confirmation directe des banques.

  • Prépare le fichier de circularisation avec tous les comptes identifiés.
  • Fais signer la demande par le client.
  • Envoie toi-même les courriers ou demandes électroniques à chaque banque.
  • Récupère les réponses et archive-les dans ton dossier.

À vérifier dans chaque retour :

  • Solde au 31/12
  • Engagements hors bilan (cautions, nantissements)
  • Emprunts ou découverts
  • Titulaires habilités (⚠️ noms inattendus)

📌 Si absence de réponse : ➔ Effectue des procédures alternatives :

  • Obtiens le relevé de compte au 31/12
  • Vérifie le rapprochement bancaire

✅ Étape 3 – Revue des rapprochements bancaires

But : comprendre les écarts entre la compta et les relevés.

  1. Récupère les rapprochements au 31/12.
  2. Vérifie :
    • Que le solde comptable est bien celui de la balance.
    • Que le solde bancaire est bien celui du relevé.
    • Que tous les écarts sont justifiés :
      • Chèque non encaissé ➝ demande une copie
      • Virement en cours ➝ retrouve-le sur le relevé de janvier
  3. Analyse l’ancienneté des écarts :
    • Un chèque en attente depuis 4 mois ? ⚠️ suspect
    • Un virement qui “traîne” ? ➝ vérifie la régularisation en janvier. S’il n’est pas apuré sur le mois suivant, c’est anormal, un virement passe forcement en banque. A défaut, ca peut être un doublons.
    • Un chèque à encaisser qui reste en rapprochement sans jamais apparaître sur le relevé bancaire, ce n’est jamais anodin. Dans bien des cas, il s’agit d’une opération antidatée. Petite astuce d’auditeur : cela masque souvent un compte courant d’associé débiteur que l’on a voulu régulariser artificiellement en fin d’exercice. Remonte le à ton N+1 et là, tu brilles.
  4. Évalue la qualité du rapprochement :
    • Est-il fait chaque mois ?
    • Qui le réalise ?
    • Y a-t-il un double contrôle ? Si, est-il matérialisé (via une signature ou autre) car sinon, ca ne compte pas.

📌 Red flag : rapprochement uniquement au 31/12 = contrôle interne faible.


✅ Étape 4 – Contrôle des conversions en devises (le cas échéant)

But : éviter une valorisation erronée.

Rappel comptable, même si je sais que tu n’aimes pas ca :

L’Article 420-7 du Plan Comptable Général précise que les écarts de conversion constatés à l’actif et au passif sont comptabilisés dans le résultat de l’exercice. C’est le seul cas ou une plus-value est prise directement dans le résultat de l’exercice. En détail, cela donne ca :

📌 Situation au 31/12 :

  • Solde du compte bancaire en USD = 1 500 $
  • Taux de change au 31/12 = 1 $ = 0,8166 €
  • ➝ Valeur réelle en euros = 1 500 × 0,8166 = 1 224,90 €
  • Solde comptabilisé avant conversion = 1 100 €
  • Gain de change latent à comptabiliser : 124,90 €
CompteLibelléDébit Crédit
512xBanque en devise124.90
766Gain de change124.90

Si au contraire le solde après conversion est de 950 € (vs 1 100 € comptabilisés)

CompteLibelléDébit Crédit
666Perte de change150
512xBanque en devise150
  • Donc pour l’auditeur junior que tu es, si le compte est en devises :
    • Obtiens le relevé en devise au 31/12.
    • Vérifie le taux utilisé dans la comptabilité (Banque de France de préférence).
    • Recalcule le solde en euros.
    • Gain ➝ compte 766, perte ➝ 666. Aucun usage des comptes 476/477 pour les disponibilités

✅ Étape 5 – Analyse des flux bancaires inhabituels

But : détecter les anomalies ou fraudes éventuelles.

  • Parcours les extraits bancaires de décembre et janvier.
  • Repère les flux importants, inhabituels ou circulaires :
    • Virement sortant puis retour du même montant.
    • Transferts entre sociétés liées sans justificatif.
  • Demande les pièces justificatives.
  • Évalue la cohérence économique de l’opération.

✅ Étape 6 – Travaux de revue analytique (facultatif mais utile)

But : détecter une évolution inhabituelle.

Échange avec le client si besoin (investissements ? cessions ? problème de trésorerie ?).

Compare les soldes de fin d’année avec ceux de N-1.

Analyse les variations significatives.

✅ Étape 7 – Approche fraude

Le cycle trésorerie est particulièrement exposé aux risques de fraude. Il est donc essentiel de garder cette dimension à l’esprit tout au long de nos travaux.
Qui prépare les virements ? Qui les autorise ? Existe-t-il une séparation des fonctions ? En PME, ce contrôle est souvent faible, voire inexistant.

Au cours des échanges avec les opérationnels, vous pourrez constater que certains utilisateurs ont la capacité de modifier directement les RIB dans l’outil comptable ou bancaire, sans validation formelle.
Même si cela ne transparaît pas dans les réponses de circularisation, cette possibilité existe dans de nombreuses structures et constitue un risque classique de fraude.

🎯 Quelle posture adopter en tant qu’auditeur ?
  • Documenter ce constat dans le dossier.
  • Si la situation le justifie, faire une lettre de commentaire à la direction pour signaler la possibilité de modification des RIB sans contrôle.
🛠️ Contrôles spécifiques à envisager

Pour sécuriser l’usage des RIB, il est recommandé de demander l’extraction complète de la base des RIB (depuis le logiciel comptable ou la plateforme bancaire), puis de réaliser des tests ciblés. Ces contrôles gagnent en efficacité s’ils sont imprévus et menés sans avertir à l’avance les équipes concernées.

Détection de doublons dans la base RIB
Exemple : si deux fournisseurs distincts (A et B) partagent le même RIB, cela peut révéler une anomalie, voire un détournement déguisé.

Croisement RIB salariés / fournisseurs
Un RIB de salarié apparaissant dans la fiche d’un fournisseur est un signal fort. Ce genre de configuration peut révéler un virement détourné vers un compte personnel, souvent dissimulé derrière un faux libellé.

📌 L’effet de surprise permet souvent de détecter plus facilement les montages frauduleux et de limiter les tentatives de régularisation a posteriori.

🧠 Cela peut paraître extrême sur le papier, mais ces cas ont déjà été rencontrés sur le terrain.


🔎 Audit de la caisse – Méthodologie pas à pas


Dans certaines activités, type retail, l’audit de la caisse est crucial car une bonne partie du CA résulte des encaissements en espèce. Alors, on fait très attention. Dans les autres cas, on va juste vérifier rapidement qu’elle existe mais voici une méthodologie complète.

✅ Étape 1 – Identifier les caisses existantes

Objectif : connaître l’ensemble des caisses physiques à auditer.

  • Demander au client :
    • La liste des caisses actives (si plusieurs sites ou points de vente).
    • Le ou les responsables de chaque caisse.
    • Le livre de caisse correspondant (papier ou Excel).

📌 Bon réflexe : certaines entreprises ont une “petite caisse” non comptabilisée officiellement → poser la question sans détour.


✅ Étape 2 – Effectuer un comptage physique

Objectif : s’assurer de l’existence réelle du solde de caisse à la clôture.

  • Réaliser le comptage en présence du responsable de la caisse, en demandant à celui-ci de manipuler les espèces (l’auditeur observe et note).
  • Dresser un procès-verbal de comptage précisant :
    • La date
    • Le montant constaté
    • Le détail des coupures
    • Le nom et la fonction du responsable présent
  • Faire signer ce document par le client (le responsable de la caisse), et le conserver dans le dossier d’audit.

📌 Si le comptage n’est pas effectué exactement au 31/12, ajuster avec les mouvements intervenus entre la date du comptage et la clôture.


✅ Étape 3 – Comparer au solde comptable

Objectif : s’assurer que le solde du compte 531 – Caisse reflète la réalité.

  • Comparer le montant du comptage au solde comptable au 31 décembre.
  • En cas d’écart :
    • Rechercher une explication (erreur de saisie, oubli d’enregistrement, détournement possible).
    • Documenter l’analyse dans le dossier.

⚠️ Un écart significatif non expliqué est une anomalie à signaler (et potentiellement à retraiter).


✅ Étape 4 – Analyser le journal de caisse informatisé (ou le Suivi des flux de caisse)

Objectif : apprécier la régularité et la fiabilité de la tenue de caisse.

  • Contrôler par sondage que les flux sont :
    • Justifiés (factures, tickets…)
    • Cohérents avec l’activité
    • Conformes à la réglementation (pas de paiement en espèces > 1 000 €)

📌 Un solde qui reste élevé sans dépôt en banque est à questionner.


⚖️ Cadre légal à connaître

Article L112-6 du Code monétaire et financier :
« Tout paiement d’un montant supérieur à 1 000 € entre deux personnes physiques ou morales exerçant une activité professionnelle doit être effectué par virement, chèque ou carte bancaire. »

🟠 Conséquence en audit :
➔ Toute dépense en espèces supérieure à 1 000 € entre professionnels est non conforme. Elle doit être signalée comme telle, même si elle est comptablement enregistrée.


✅ Étape 5 – Effectuer un test de cohérence

Objectif : confronter les déclarations du client à la réalité.

  • Recalcule le solde théorique à partir du solde initial :
    • Solde initial + encaissements – décaissements = solde final attendu
  • Compare au montant réel.
  • Évalue la cohérence avec l’activité :
    • Une caisse de 8 000 € pour un restaurant qui prétend tout encaisser par CB ➝ incohérent.

✅ Étape 6 – Examiner les écarts de caisse

Objectif : détecter des anomalies récurrentes ou non expliquées.

  • Demander si des écarts de caisse sont enregistrés (excédents ou manquants).
  • Analyser :
    • Leur fréquence
    • Leur montant
    • Les explications fournies

📌 Plusieurs écarts > 50 € sans justification = signal à documenter.


🔎 Audit des placements de trésorerie – Méthodologie pas à pas


✅ Étape 1 – Recensement des placements

Objectif : avoir une vision exhaustive des actifs financiers à court terme.

  • Demander au client :
    • L’inventaire des placements à la date de clôture.
    • Le type de support : OPCVM, SICAV, comptes à terme, comptes-titres, etc.
    • La durée d’immobilisation prévue (court ou long terme).
  • Vérifier la cohérence avec les comptes comptables utilisés :
    • 503 : actions ou parts
    • 505 : bons du Trésor
    • 506 : autres placements de trésorerie

📌 Point de vigilance : un placement bloqué plus de 12 mois ne relève pas de la trésorerie, même s’il est comptabilisé dans les 50x.


✅ Étape 2 – Obtention des justificatifs

Objectif : s’assurer de l’existence réelle et de la valorisation.

  • Demander les attestations ou relevés officiels des établissements financiers, datés du 31 décembre (ou de la date de clôture).
  • Ces documents doivent préciser :
    • Le type de placement
    • La quantité détenue
    • La valorisation à la date de clôture
    • Le cours ou la valeur liquidative de référence

📌 Un simple tableau Excel ou Word ne suffit jamais → sans pièce externe probante, on ne valide pas.


✅ Étape 3 – Vérification de l’évaluation

Objectif : contrôler que les placements sont valorisés selon les règles comptables.

📚 Rappel comptable – PCG

  • Les placements sont comptabilisés à leur coût d’acquisition.
  • Pas de réévaluation à la hausse possible.
  • En cas de moins-value latente, une dépréciation est obligatoire à la clôture.
  • La dépréciation est constatée en 6866 – Dotation aux provisions financières et en contrepartie du compte d’actif concerné.
  • En cas de reprise, on passe une écriture en 7866 – Reprises sur provisions financières.

🧮 Contrôle à effectuer

  • Comparer la valeur comptable avec la valeur de marché au 31/12.
  • Si la valeur de marché < valeur comptable : ➝ Calculer la moins-value latente ➝ Vérifier qu’une provision a bien été passée (à défaut, la proposer).

⚠️ En cas de plus-value latente ➝ pas de réévaluation, même si tentant pour “gonfler” le bilan.


✅ Étape 4 – Test de cut-off

Objectif : vérifier que les opérations sont enregistrées dans le bon exercice.

  • Contrôler la date d’achat des titres ou de souscription du placement :
    • Une opération du 2 janvier enregistrée en décembre ? 🚨
  • Vérifier également les dates de rachat éventuelles.

📌 Une opération comptabilisée avant la date réelle de souscription = présentation erronée du bilan.


✅ Étape 5 – Analyse de la liquidité

Objectif : déterminer si le placement relève bien de la trésorerie.

  • Vérifier si les fonds sont disponibles à court terme (généralement < 3 mois) ou si un blocage contractuel existe.
  • Pour les comptes à terme, examiner les conditions de retrait anticipé.
  • Si un produit est indisponible ou soumis à pénalités élevées, il doit être reclassé (ex. : en immobilisations financières ou autres actifs financiers).

📌 Un PEA ou un compte titres spéculatif utilisé par le dirigeant = souvent hors périmètre de la trésorerie.


✅ Étape 6 – Vérification du classement comptable

Objectif : assurer une présentation fidèle.

  • Confirmer que les placements liquides sont bien enregistrés dans les comptes 503 à 506.
  • Vérifier que les placements non liquides sont :
    • Reclassés (en 27x ou 26x)
    • Et mentionnés dans les notes annexes si significatifs

⚠️ Une SICAV bloquée pour 18 mois ne doit pas figurer dans la trésorerie.


🔎 Audit des emprunts bancaires – Méthodologie pas à pas


✅ Étape 1 – Recensement des emprunts en cours

Objectif : s’assurer de l’exhaustivité des dettes financières.

  • Demander au client :
    • La liste complète des emprunts au 31/12.
    • Le tableau d’amortissement de chaque emprunt.
    • L’indication du prêteur, du capital restant dû et de la date de souscription.

📌 Point d’alerte : attention aux emprunts intra-groupes ou associés, parfois logés dans des comptes courants et oubliés dans les listings officiels.


✅ Étape 2 – Obtention et analyse des contrats de prêt

Objectif : vérifier les conditions contractuelles et le bon enregistrement.

  • Obtenir une copie du contrat ou de l’offre de prêt signée.
  • Contrôler :
    • Le montant initial
    • Le taux d’intérêt
    • L’échéancier
    • La date de mise à disposition des fonds
    • L’éventuelle présence de covenants ou clauses restrictives (ratios financiers, remboursement anticipé…).

📌 Les contrats permettent aussi de vérifier si des garanties ou nantissements ont été donnés (à mentionner en annexe).


✅ Étape 3 – Confirmation externe (circularisation)

Objectif : sécuriser l’information en interrogeant directement les établissements prêteurs.

  • Inclure les emprunts dans la circularisation bancaire.
  • Vérifier :
    • Le capital restant dû confirmé par la banque
    • La cohérence avec la comptabilité
    • Les éventuels impayés ou pénalités
    • L’existence de garanties ou clauses particulières

📌 Si la circularisation ne revient pas ➝ demander un relevé de situation de l’emprunt ou un tableau d’amortissement à jour.


✅ Étape 4 – Vérification de la comptabilisation

Objectif : contrôler le bon enregistrement en comptabilité.

📚 Rappel comptable – PCG

  • Les emprunts sont enregistrés en :
    • 164 : emprunts auprès des établissements de crédit
    • 161 : emprunts obligataires
  • Les intérêts courus non échus (ICNE) doivent être constatés à la clôture (compte 1688).
  • Le capital remboursable à moins d’un an doit être ventilé en passif courant (dans les états financiers).

✅ Étape 5 – Revue des écritures d’intérêts

Objectif : s’assurer que les charges financières sont exactes.

  • Refaire le calcul des intérêts courus à la clôture (prorata temporis sur la dernière échéance).
  • Vérifier :
    • Que les intérêts comptabilisés sur l’exercice sont cohérents avec les échéances du tableau d’amortissement.
    • Que les ICNE sont enregistrés si une échéance est postérieure à la clôture.

📌 Les charges doivent apparaître en 6611 – Intérêts des emprunts (et non dispersées ailleurs).


✅ Étape 6 – Test de cut-off

Objectif : vérifier la correcte imputation temporelle.

  • S’assurer que tous les emprunts signés avant le 31/12 sont enregistrés, même si les décaissements n’ont lieu qu’en N+1.
  • Inversement, s’assurer qu’aucun emprunt de N+1 n’est enregistré par anticipation.

⚠️ Piège classique : prêt signé en décembre, mais versé en janvier → attention à la date de mise à disposition réelle des fonds.


✅ Étape 7 – Vérification de la ventilation court / long terme

Objectif : respecter les obligations de présentation.

  • À partir du tableau d’amortissement :
    • Identifier la part des remboursements dus à moins d’un an
    • S’assurer que cette partie est bien isolée en passif courant (bilan ou annexes selon le référentiel)

📌 Une annuité entière enregistrée à long terme = présentation incorrecte.


✅ Étape 8 – Analyse des clauses contractuelles sensibles

Objectif : identifier les risques cachés.

Et obligation d’information dans l’annexe.

Vérifier s’il existe des clauses de déchéance du terme (ex. : ratios financiers à respecter).

S’assurer que l’entreprise n’a pas violé un covenant au 31/12 :

Sinon, le prêt peut devenir exigible immédiatement ➝ risque de cessation de paiement.


4. Cas pratiques

Cas 1 : Chèque jamais encaissé

Un chèque de 15k€ figure dans le rapprochement depuis 3 mois.
🡪 Demande la copie et vérifie l’encaissement en janvier. Sinon, retraitement.

Cas 2 : Taux de conversion douteux

Solde en USD converti à 0,80 au lieu de 0,90.
🡪 Recalcul et ajustement si l’écart est significatif.

Cas 3 : Virement “fantôme”

Un virement de 200k€ apparaît depuis septembre.
🡪 Preuve ou retraitement. Un virement sans trace, c’est un faux ami.


5 Conclusion – Le cycle trésorerie, simple en apparence… mais plein de pièges

Auditer la trésorerie, c’est un passage obligé pour tout jeune auditeur. C’est un cycle structurant, transversal, et souvent considéré comme “facile”… jusqu’à ce qu’on mette le nez dans les rapprochements bancaires douteux, les RIB louches, ou les caissettes de billets un peu trop pleines.

Tu l’auras compris : derrière l’apparente simplicité se cachent des risques majeurs de présentation erronée, d’erreurs comptables ou de fraude.

Pour t’en sortir comme un pro :

  • Applique une méthodologie rigoureuse ;
  • Garde en tête les objectifs d’audit sur l’existence, l’évaluation, le cut-off et la présentation ;
  • Et surtout, ne te laisse jamais berner par un “t’inquiète, c’est bon, tout est nickel”.

👉 Si tu maîtrises les disponibilités, la caisse, les placements de trésorerie et les emprunts bancaires, tu tiens un des cycles les plus critiques de ta mission. Et si en plus tu penses à vérifier les RIB douteux, tu passes au niveau supérieur.


Pour découvrir les autres cycles, c’est juste ici

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